Parfois certains petits paradis se trouvent à portée de main sans que l’on en ait réellement conscience. C’est le cas de l’Albufera. Plus grand lac d’Espagne, espace naturel protégé, ce havre de paix regorge d’une faune et d’une flore des plus florissantes. Nous nous y sommes immergés pendant quelques heures, un moment comme hors du temps.
Distancée d’une trentaine de kilomètres de Valencia, l’Albufera est facilement joignable en voiture mais également par transport en commun. En effet, l’EMT (société de transport en commun de Valencia) met à disposition sa ligne 25 qui relie le centre ville de Valencia (terminus « Carrer de Cerdá de Tallada » à l’arrière du tribunal) au village du Palmar. Une promenade d’environ 35 minutes par bus permet ainsi à tout à chacun de profiter de ce lieu sans pareil. Différents arrêts permettent aux promeneurs de sélectionner l’endroit du parc où s’arrêter : ponton avec vue à couper le souffle sur le lac, village du Palmar, … le choix reste à faire.
« La véritable paella est née ici »
C’est par cette voie-ci que nous décidons de nous y rendre. Partis aux alentours de treize heure, nous nous laissons porter par l’autobus qui, petit à petit, met à jour les paysages sauvages du parc, synonymes de notre proche arrivée. Une demie heure plus tard, notre première balade prend fin. Nous choisissons de descendre au cœur du charmant et pittoresque village du Palmar afin d’y déguster la spécialité locale : la paella. En effet, si tout le monde sait que la paella traditionnelle est la « valenciana », peu connaisse sa véritable origine. Les explications nous sont données par Andy, serveur du restaurant Bon Aire où nous décidons de nous arrêter. Le choix ne fut pas évident tant les restaurants sont légion au Palmar. Notre sélection s’est faite sur la vue offerte depuis la salle, le montant plus que raisonnable des prix et la déclinaison importante des variétés de paella. « La véritable paella est née ici, au sein du parc de l’Albufera » nous précise Andy en nous indiquant du regard les nombreuses rizières qui bordent les routes du village. « Elle est née des produits que les locaux trouvaient près de chez eux, c’est à dire : le riz, le poulet, le lapin et les légumes du jardin. Telle est la véritable recette de la paella valenciana. Ils avaient ainsi un plat consistant, chaud et peu couteux. A l’Albufera on y rajoute du canard car on en trouve beaucoup par ici » continue le jeune homme. Notre curiosité sur cette culture gastronomique nous pousse à vouloir en savoir plus. « A l’heure actuelle (fin novembre) les rizières sont partiellement asséchées, l’eau commence à revenir petit à petit. Il faudra environ 3 mois pour qu’elles soient totalement inondées. En janvier, tout est recouvert d’eau, les paysages ressemblent à un immense lac. En février, l’assèchement débute. Au cours des mois de mars-avril, alors que la terre est totalement sèche, le riz peut alors être planté, il s’agit de « la siembra » (la plantation). En juillet-août tout est vert, c’est absolument magnifique. La récolte du riz se fait fin septembre, début octobre :« la cosecha ». La couleur marron prédomine, signe que la terre est prête, que le riz est prêt, et qu’une nouvelle saison peut commencer» nous explique-t-il.
Nous prenons conscience qu’ici le riz, c’est toute une histoire, c’est de l’amour. « Il faut venir à l’Albufera à tout moment de l’année car les paysages changent sans cesse » nous indique Andy, passionné et passionnant. Enchantés de cette rencontre aussi inattendue que belle, nous remettons notre choix de paella entre ses mains. Venir à l’Albufera sans en déguster une serait d’une totale illogique. C’est avec des yeux grands écarquillés que nous voyons donc déposer délicatement au centre de notre table : la paella de l’Albufera. Composée d’anguilles, de bars et de légumes, elle est la plus typique de la région. « L’anguille et le bar viennent du lac, ils ont été pêchés ce matin. Le riz, bien évidemment, provient des rizières avoisinantes » nous précise Andy avant de nous souhaiter bon appétit. C’est avec donc curiosité que nous dégustons cette spécialité et le résultat est stupéfiant. Hors de question d’en laisser dans le plat, c’est avec une gourmandise démesurée que nous raclons jusqu’au dernier grain de riz présent.
Rassasiés et séduits par le charme de ce village, nous partons à la découverte des alentours après avoir savouré une liqueur de riz, idéale pour la digestion.
Appareils photos à la main, la réputation de l’Albufera ne se fait pas attendre. A peine sortie du restaurant, un héron nous attend au bout de la rue, comme pour nous indiquer le chemin vers son domicile : le lac. Il est de tradition en effet d’aller y effectuer une promenade en barque suite à un repas copieux. Après le plaisir de la table, place au plaisir des yeux.
Tout comme pour les restaurants, les offres de promenades en barque sont fréquentes, inutiles donc de devoir chercher (à noter que certains proposent des explications sur la faune locale). A l’Albufera on se laisse guider, on se laisse vivre. La courte journée ensoleillée d’hiver prenant fin, nous décidons de vite partir sur les eaux calmes du lac afin de profiter des
couleurs d’un coucher de soleil. Car si le site est réputé pour son riz, pour sa paella, il l’est également pour ses vues majestueuses de couchers de soleil. 40 minutes de promenade pour 4€, cela vaut vraiment la peine et évite de tergiverser.
Embarqués à environ une quinzaine sur une typique barque de bois à moteur, notre immersion au sein de la faune et flore locales peut débuter. Et il n’a pas fallu attendre longtemps pour en prendre plein les yeux : canards, hérons, la nature dans tous ses états se dévoile devant nous. Difficile de réaliser que nous nous trouvons à seulement 30 kilomètres de Valencia. Le dépaysement est total, les émotions nous submergent tant l’endroit est apaisant. A gauche, à droite, devant, derrière, il est difficile de savoir où regarder tant la nature nous stupéfie. Les appareils photos crépitent dans tous les sens pour essayer de capturer l’essence de ce lieu magique.
Les lumières dorées du coucher de soleil nous apportent une touche finale, comme si les protagonistes des lieux avaient décidé de nous faire leur grand show. Tout y est, il ne manque rien. Le calme, la beauté sauvage de la nature et des animaux, les couleurs pures et sans filtre se reflétant sur l’eau nous laissent sans voix, comme hypnotisés. Mais l’heure est déjà au retour sur terre, au sens propre comme au sens figuré. C’est avec des étoiles plein les yeux que nous quittons notre embarcation avec une seule envie : y revenir. Mais notre moyen de transport de retour nous attend déjà pour nous ramener dans notre quotidien.
Installés dans nos sièges, le bus démarre mais notre esprit est resté ailleurs, là bas, au milieu de ce lac, auprès des oiseaux, des poissons, enveloppés dans ce calme dévorant qui nous habite encore. Cette après-midi à l’Albufera a été comme une parenthèse de douceur, de plaisir. Un instant magique, idéal pour se couper de la ville et profiter d’une escapade à portée de tous.
Isabelle Reffas
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